top of page

Trois questions à Georges Grbic qui créé "Les deux frères" au TBB

Entretien juin 2019

Comme votre premier spectacle destiné aux enfants (Les Trois petits cochons de Noëlle Revaz en 2015), Les Deux Frères s’inspire d’un célèbre conte populaire et ancien. Pour vous, les enfants d’hier sont-ils les mêmes que ceux d’aujourd’hui ?

Bien sûr que non, aucune génération ne ressemble à la précédente – heureusement ! Je crois profondément à l’évolution des esprits, à une envie profonde des humains d’avancer vers un futur meilleur, et j’en veux pour preuve les insurrections des jeunes gens qui manifestent aujourd’hui pour le climat. Évidemment, l’être humain est paradoxal, et ses décisions ne vont pas toujours dans le bon sens, chaque époque apporte ses crises, ses coups de frein ou ses développements spectaculaires.

Lorsqu’on est artiste, et que l’on partage une passion pour un art ancestral comme le théâtre, on a cette chance incroyable de porter un regard sur notre société à travers le prisme d’une œuvre passée. Cette expérience, à l’image d’un bain révélateur pour la photographie (et beaucoup d’enfants ici se demanderont de quoi je parle !), témoigne de ce qui nous unit fondamentalement, une mémoire, et les questions encore ouvertes qui nous engagent pour nos propres choix d’un avenir collectif.

Les enfants d’aujourd’hui vivent dans une société saturée d’informations, avec une réalité du monde qui leur saute aux yeux à peine un écran allumé. Les fictions déboulent à coup de centaines d’heures de dessins animés, de jeux vidéo. Ce sont des expériences d’apprentissage du monde très particulières liées à notre temps, très stressantes aussi, car l’expérience frôle souvent un infini que d’autres époques racontaient de manière plus poétique, moins triviale. Je pense que de tous temps les enfants ont apporté cela au théâtre : savoir jouer très sérieusement et très naïvement pour construire leur compréhension du monde. Ce que le théâtre peut leur apporter aujourd’hui, ces sont des espaces de jeu libérés des contraintes du réel, de la technologie, des univers préétablis. Leur raconter un récit aussi fondamental qu’un conte, c’est leur faire partager le pouvoir de la parole pour enclencher l’imaginaire « Il était une fois... », et la joie de la mise en jeu du corps, qui joue, danse, saute et se contorsionne au bonheur de ses rêves.

Avec votre double casquette de directeur du Théâtre Benno Besson et de metteur en scène en création, que signifie pour vous ouvrir la saison 19/20 avec un tel spectacle ? Oh, il ne faut pas chercher un sens trop caché : le TBB offre simplement plus de disponibilité en matière de lieu de répétition et de temps de travail en début de saison pour préparer un spectacle ! Mais aussi, j’espère que le public, tous les publics – et les enfants les premiers – seront sensibles au fait que le TBB est dirigé par quelqu’un qui porte un regard professionnel et exigeant sur les arts de la scène, et qui s’implique dans la programmation des saisons avec la même passion qu’il monte un spectacle, avec cette envie profonde et chaleureuse de partager ses interrogations sur le monde, et son plaisir naïf de spectateur !

Cinq mots pour décrire votre spectacle ?  Invention, émotion, voyage, suspense et humour.

bottom of page