SANS EFFORT

D’origine fribourgeoise, Joël Maillard est né en 1978 et « vit toujours » comme l’indique sa biographie. Ce qui lui a permis, en tant qu’auteur dramatique bien vivant et comédien échevelé drôlissime, d’apporter un souffle nouveau et facétieux sur les planches romandes depuis 2010, date à laquelle il créé sa propre compagnie. Dans ses créations théâtrales aussi élégamment destructrices qu’autoporteuses (brisons les codes pour mieux les réinventer !), l’oralité du style le dispute à l’humour, et les micro sociétés fermées ou l’évocation de futurs catastrophiques deviennent l’enjeu de vivifiantes réflexions sur nos présents qui chantent ou non.

Après Quitter la Terre (2017) et Imposture posthume (qui aurait dû venir au mois d’avril au TBB), Sans effort vient clore une trilogie sur la mémoire et l’oubli et repose sur trois interdictions formelles : écrire, se filmer/s’enregistrer, lire/se documenter. C’est donc un spectacle qui s’est inventé en parlant et en faisant parler, et qui n’est imprimé nulle part ailleurs que dans les cerveaux des deux formidables interprètes sur scène. Loin des diktats de la traçabilité et de l’archivage à tout prix de nos sociétés numériques, c’est surtout l’occasion d’assister à la naissance d’une sorte de poème de tradition orale transmis sur plusieurs générations dans lequel il est question d’une petite communauté isolée ayant abandonné l’écriture et découvert une mystérieuse plante psychotrope…