UNE LABORIEUSE ENTREPRISE

De l’effet de réel à la farce burlesque, il n’y a qu’un seul pas que Hanokh Levin n’hésite pas à franchir. Mais la satire n’en est pas moins caustique, avec toujours, en sourdine, derrière les éclats de rire, une dimension métaphysique qui interpelle le spectateur. Quand il n’aborde pas de sujets politiques, l’auteur israélien excelle à mettre en scène les aspirations et les désillusions du couple, où l’un comme l’autre se retrouvent coincés dans une interdépendance sans issue, une « laborieuse entreprise ». Pourtant, on sent battre le cœur de Léviva, et celui de toutes les femmes de la terre. Et ce cri pour plus de justice, plus de respect pour les femmes est essentiel: c’est au fond le noyau de la pièce! Levin ne se prive pas d’allusions à l’impuissance physique des hommes, mais c’est bien plutôt l’impuissance de l’homme à maîtriser son destin, et même le monde, qui est au cœur du sujet ; satire de l’orgueil immense de l’homme de vouloir tout posséder, tout contrôler, se sentir supérieur. Comme quoi une prise de conscience, une nuit, dans un lit, peut amener à bien des chamboulements, ainsi que la visite inopinée d’un voisin, la même nuit, dans le même lit. Une nuit blanche à l’humour noir.