Les Voyages de Gulliver

Au début du 18e siècle, le satiriste Jonathan Swift écrit Les Voyages de Gulliver, une parodie de récit de voyage dans lequel le héros, Lemuel Gulliver, se perd dans des contrées inconnues où l’inquiétant côtoie le merveilleux : Lilliput, dont les habitants ne mesurent qu’une quinzaine de centimètres, Brobdingnag, terre des géants ou encore Laputa, fantastique cité flottante. À mi-chemin entre satire politique, conte philosophique et fable pour enfants, ce texte nous bouscule et nous désoriente pour nous forcer à amorcer une prise

de recul. Les contemporains de Swift riaient du torrent d’ironie déversé par Les Voyages sur l’aristocratie anglaise, les guerres de religion et le colonialisme. Au 21e siècle, qui peuvent se cacher sous les traits des imbéciles Lilliputiens, des Laputiens perchés et des admirables Houyhnhnms ? Swift revient nous mettre en garde contre les querelles de chapelle: «Restez curieux!», semble-t-il nous dire.

À l’aide de perspectives changeantes, de bricolages surdimensionnés et de trucages miniatures, le spectacle se construit à vue : les ressorts scéniques sont partagés avec le public, dans une démarche artisanale et complice qui n’exclut toutefois pas la magie propre au théâtre, et invite PETITS et grands au voyage.