It's Too Dark

La première pièce, Blackout, de Matthias Kass, est un voyage introspectif dans les luttes inhérentes à l’obscurité personnelle et au combat contre les démons intérieurs. La chorégraphie est nourrie par les contrastes entre mouvements légers, fluides et saccadés, bloqués. L’atmosphère se faisant de plus en plus sombre accompagne les mouvements du danseur, qui deviennent de plus en plus frénétiques, incarnant ainsi l’anxiété et le désespoir. Le recours à un éclairage sombre ajoute également au contraste entre visibilité et dissimulation, soulignant ainsi l’idée que le combat véritable se situe sous la surface. La chorégraphie utilise le tiraillement et le combat pour illustrer l’idée qu’affronter ses ténèbres est une expérience à la fois douloureuse et transformatrice. La musique, élément thématique, révèle la présence constante de la vie. Même au milieu de l’obscurité, elle devient un rappel poignant que la vulnérabilité est une composante de la condition humaine.

La deuxième pièce, Obscurantismo, de Clément Bugnon, propose une exploration de l'obscurantisme – un terme qui désigne la rétention délibérée de connaissances – en questionnant les différentes formes que ce concept peut englober aujourd’hui. Dès les premiers instants, le public est plongé dans une réalité faite de contrastes où cinq hommes évoluent entre ombre et lumière, entre réalité et illusions, entre ignorance et épiphanie. Une micro-société où les hommes luttent et se confrontent à la réalité du monde et d’autrui ainsi qu’aux dérives liées à une vision parfois dogmatique du monde. Ils naviguent à vue dans cet environnement complexe, tentant de trouver un chemin vers la vérité. Seulement, celle-ci peut être dissimulée, distordue et même volontairement ignorée. Obscurantismo met en lumière notre rapport à la connaissance et à la vérité dans un monde où la dissimulation et la manipulation de l’information est omniprésente.

Les deux œuvres se caractérisent par une grande variété de corporalités et par des visuels empreints de sens. Elles attestent de la capacité particulière du langage universel du corps à représenter des concepts complexes, ainsi qu’une profondeur émotionnelle. Les deux pièces laissent au spectateur une impression durable de contraste entre beauté esthétique du mouvement dansé et dureté des combats liés à la condition humaine.