Qui a peur de Virginia Woolf ?

Martha et George se sont aimés, se sont mariés, se sont déçus. Pour vaincre les défaites et les rêves brisés, ils s’inventent des histoires et des mensonges pour continuer de vivre ensemble. Et surtout, rien de tel qu’un regard neuf pour stimuler leur moteur grippé, comme celui de ce joli et jeune couple qui va tomber entre leurs griffes ce soir. Ils vont encore une fois pouvoir sortir le grand jeu, celui « pas tellement à la loyale », où tous les coups sont permis.

Dans cette adaptation enlevée et pleine de fougue de Julien Schmutz, la matière première est le tourment des désillusions, tel un ouragan qui s’abat sur scène d’entrée de jeu – le clash est direct, et c’est jubilatoire ! Ce grand classique porte un coup de projecteur sur l’échec de l’amour dans une relation de couple essorée par l’orgueil et les remords, échec qui se dévoile au plus intime. Dans une ambiance alcoolisée et pleine d’une sourde violence verbale, Edward Albee pose un regard cinglant sur les rapports entre un homme et sa femme qui ne peuvent plus vivre que dans un état de guerre des mots et de l’imaginaire, jusqu’à l’épuisement. Amoureuse malgré tout, la femme invective son mari jusqu’à une vengeance cruelle et étouffante de reproches, comme le dévoilement final d’un dernier rêve, irréel, brisé avec fracas dans les notes d’un Dies Irae mozartien.
Un dialogue théâtral érigé en combat perpétuel !